Droits d’urgence, en faveur de l’accès au droit
Suite à la sortie du Top 50 de l’entrepreneuriat à impact 2021, nous avons décidé de mettre en lumière les lauréats des différentes catégories. Pour rappel, le Top 50 de l’entrepreneuriat à impact 2021 est un classement initié par Carenews. Il vise à valoriser, récompenser et faire connaître les entrepreneurs et les structures qui œuvrent pour un demain meilleur et pérenne. Piloté par des partenaires experts dont l’ESSEC et notre cabinet de conseil en stratégie RSE pour la méthodologie notamment, et soutenu par BNP Paribas, ce classement dévoile les 50 structures les plus impactantes de 2021.
Aujourd’hui, nous mettons en avant Droits d’urgence, une association qui regroupe des professionnels du droit (avocats, juristes, magistrats, huissiers, universitaires etc.) qui interviennent sur le terrain, au quotidien, au plus près des personnes en situation de précarité qu’ils informent et accompagnent dans leurs démarches. Droits d’urgence a été présidée par Jean-Luc BEDOS de sa création jusqu’au mois de septembre 2000, puis par Denis CHEMLA jusqu’en décembre 2013, et de nouveau par Jean-Luc BEDOS de janvier 2014 à juin 2015. De juin 2015 à janvier 2021 elle a été présidée par Jérôme GIUSTI, l’un des premiers avocats bénévoles de Droits d’urgence et depuis cette date, Droits d’urgence est présidée par Henri NALLET, ancien Garde des Sceaux. L’association est la seule à avoir été nommée lauréate hors catégorie.
Retrouvez Gwenaëlle Thomas-Maire, Directrice de l’association qui nous parle du projet !
Qui êtes-vous ? Présentez-nous l’association, son activité et sa raison d’être !
Gwenaëlle Thomas-Maire : « Droits d’urgence engage toute action en faveur de l’accès au droit des personnes en situation d’exclusion sociale et de vulnérabilité et de leurs proches. L’association accompagne en moyenne 80 000 personnes par an. Les salarié.es juristes et les avocat.es et juristes bénévoles réalisent des permanences juridiques gratuites dans une centaine de lieux à Paris : institutions et administrations publiques (Points d’Accès au Droit, Hôpitaux, CCAS, prisons…) ; associations partenaires (Emmaüs, Secours Populaire, Restos du Coeur etc.).
Notre ADN repose sur trois piliers :
- Aller vers les publics démunis, aller là où est le besoin et réparer les ruptures de droit
- Travailler avec les autres professionnels (dans le champs social, médical, judiciaire, …)
- Informer, former chaque citoyen, usager, partenaire à travers des sessions de formation ou des actions de plaidoyer. »
Pourquoi avoir participé au classement du Top 50 ?
Gwenaëlle Thomas-Maire : « Droits d’urgence est d’intérêt général et engagée dans la lutte contre l’exclusion. Notre mission est d’accompagner les personnes en situation d’exclusion et de précarité sur l’ensemble de leurs besoins juridiques.
Pourquoi intervenir sur les droits ? Le droit est tout à la fois un sujet abstrait et essentiel car notre vie est jalonnée de droits : dès la naissance avec l’état civil, puis le contrat de travail, le bail pour le logement, le mariage, le divorce, le droit de garde, le titre de séjour, l’accès à une couverture maladie etc. Une rupture de droit en entraine souvent d’autres, et peut accélérer ou provoquer l’exclusion sociale. Dès lors, toute personne doit être en mesure de connaitre et faire valoir ses droits.
Cet accompagnement juridique, l’équipe de Droits d’urgence le fait dans un cadre plus large, pluridisciplinaire car le droit est complémentaire des actions menées dans le champs social et médical. C’est pourquoi dans les structures où nous intervenons, nos équipes travaillent avec les travailleurs, sociaux, éducateurs, médecins… Nous défendons en tout cas cette approche holistique. Notre association intervient au sein d’établissements partenaires et n’est donc pas repérée par le grand public malgré l’impact de ses actions et sa capacité à trouver des solutions pour des personnes éloignées du droit.
Être lauréat.es de ce TOP 50, c’est gagner en visibilité, mettre en lumière l’importance du droit et nos actions auprès du plus grand nombre. Face à une recrudescence de la précarité sur fond de crise sanitaire, il est plus que jamais nécessaire d’informer et de sensibiliser chacun et chacune sur ses droits. C’est enfin important pour nous d’être identifiés parmi les acteurs de l’ESS, que nos projets à impact et notre capacité à créer des projets innovants (comme la plateforme DroitDirect.fr dédiée aux victimes de violences conjugales) puissent être mis en avant. »
Une récente ou prochaine actualité à nous partager ?
Gwenaëlle Thomas-Maire : « La dématérialisation des procédures de demande de rendez-vous a été généralisée à la préfecture de police de Paris à la sortie du premier confinement, en juin 2020. Depuis Droits d’urgence accompagne des centaines de personnes qui tentent, en vain, d’obtenir un rendez-vous à la préfecture de police de Paris en se connectant plusieurs fois par jour sur le site de la préfecture. L’équipe de salariés de Droits d’urgence, avec le soutien d’avocats bénévoles, a mis en place un contentieux de masse (référés devant le tribunal administratif de Paris). Le 6 avril 2022 a eu lieu la 11ème saisine, par Droits d’urgence et le collectif #BougeTaPref, des tribunaux administratifs d’Ile-de-France en raison du refus des préfectures de recevoir le public. Droits d’urgence et 300 organisations ont également lancé un Manifeste pour un service public plus humain et ouvert à ses administré.es. En tant qu’association de défense des droits humains et organisation agissant en solidarité avec les personnes, françaises ou étrangères, en situation de grande précarité, nous tirons la sonnette d’alarme quant à certains impacts négatifs de la dématérialisation des services publics sur l’accès aux droits. »