Certaines entreprises visionnaires ont très rapidement rattaché la fonction RSE à la Direction financière. Néanmoins, celles-ci ne sont pas majoritaires et les directions financières restent aujourd’hui souvent peu sensibilisées aux sujets RSE / ESG. Pour une majorité d’entreprises, la ligne budgétaire RSE reste encore assez faible, les équipes RSE – quand elles existent – disposent de peu de moyens et passent donc facilement sous le radar de la DAF. Par ailleurs, pour ces dernières, la RSE est encore souvent perçue comme, au mieux, un sujet décorrélé du business, au pire, une contrainte principalement synonyme de coûts additionnels.

Mais l’arrivée de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) va entraîner une transformation importante de leurs métiers respectifs et obliger ces deux fonctions à collaborer. Et on ne doute pas qu’elles y gagneront, au-delà de la simple réponse à une obligation réglementaire ! Ce nouveau binôme, incongru il y a encore quelques années, devrait devenir éminemment stratégique dans les années à venir.

La double matérialité, un exercice à réaliser ensemble

On ne vous la présente plus : la double matérialité est l’une des notions phares de la directive CSRD (si vous les avez manqués, retrouvez ici nos articles décryptant la CSRD et l’exercice de double matérialité). Si la matérialité d’impact relève davantage d’une expertise RSE, la matérialité financière implique la collaboration de deux fonctions, la RSE et – comme son nom le laisse pressentir – la DAF ! Petit rappel avant de poursuivre : la matérialité financière consiste à identifier et évaluer les risques et opportunités générés par l’environnement économique, social et naturel sur le développement, la performance et les résultats de l’entreprise. La réalisation de cet exercice nécessite donc d’allier la connaissance des enjeux ESG, pour imaginer les risques et opportunités que ces sujets peuvent générer pour l’entreprise, à la maîtrise des éléments financiers de l’entreprise, pour évaluer l’importance de ces risques et opportunités pour celle-ci.

Prenons un exemple simple : en tant que responsable RSE, je sais que l’évolution des réglementations en matière d’économie circulaire vont m’obliger à faire évoluer la composition des emballages de mes produits, en intégrant davantage de matières recyclées et recyclables. Cela fait peser un risque financier pour l’activité, car ces matières coûtent souvent plus cher. Mais pour en mesurer les conséquences financières et faire des arbitrages, j’ai besoin de connaître la structure de coût de mon entreprise et les niveaux de marge attendus – ce que la direction financière maîtrise parfaitement – afin ensuite de pouvoir travailler à l’adaptation de l’offre avec les équipes marketing/ produit.

Un reporting extra-financier qui se complexifie

Cet exercice de double matérialité doit permettre à l’entreprise d’identifier les sujets ESG qu’elle devra intégrer à son rapport de durabilité. Or, ce qui préoccupe les responsables RSE à la veille de la publication de leur premier rapport de durabilité, c’est la quantité de données extra-financières qu’elles auront à collecter. Les directions RSE des plus grandes entreprises, précédemment soumises à l’obligation de publier leur déclaration de performance extra-financière (DPEF), sont déjà familiarisées avec la complexité du reporting. Mais avec la CSRD, ce reporting prend une tout autre dimension : les indicateurs sont multipliés, avec près de 1 200 datapoints listés. Alors, pour les entreprises qui ne publiaient jusqu’ici pas de rapport extra-financier, c’est la panique !

C’est là qu’un second terrain de convergence apparaît. Les directions financières sont depuis longtemps rompues à l’exercice d’audit de leurs données. Elles pourront donc largement partager leur expertise à leurs collègues en charge de la RSE, notamment en termes de robustesse et de fiabilité de la donnée. De leur côté, les équipes RSE pourront aider les équipes financières à comprendre et maîtriser les données extra-financières. Tout l’enjeu étant que chaque équipe parvienne à monter en compétences sur le sujet du reporting extra-financier.

La nécessité de réfléchir sur différents horizons de temps

Jusqu’ici, la finance était surtout associée à une vision court terme, équivalente à un exercice fiscal, là où la RSE était plutôt associée à une vision de long terme, de projection d’un futur probable qui pouvait paraître assez lointain.

Or, face aux bouleversements économiques, environnementaux, sociaux, géopolitiques et technologiques, ces deux fonctions doivent désormais prendre en compte différents horizons de temps. La multiplication des incertitudes et des crises implique une réactivité quasi immédiate des départements financiers qui doivent pouvoir agir au plus vite. Ces crises étant de plus en plus souvent liés à des sujets ESG, une étroite collaboration entre la DAF et la RSE doit permettre d’anticiper ces risques et de s’y préparer au mieux, pour les éviter, ou pour réagir le plus efficacement possible en cas de survenance d’une crise. D’un autre côté, l’anticipation des changements à moyen et long termes est un facteur majeur de résilience des entreprises. Ces changements étant également de plus en plus liés à des sujets ESG, cela implique également une étroite collaboration entre ces deux fonctions dans l’élaboration de la stratégie long terme de l’entreprise et des plans d’actions associés pour s’assurer de la pérennité de l’entreprise.

Une frontière de plus en plus poreuse entre les sujets

Nous l’avons vu, les enjeux des départements financiers et des fonctions RSE s’entremêlent de plus en plus, car les intérêts convergent. Pour le département financier, la performance extra-financière de l’entreprise, et notamment environnementale, devient un facteur important de valorisation financière de l’entreprise. Elle devient également un critère de financement, avec l’instauration d’emprunts dont le taux est adossé à l’atteinte d’objectifs ESG.

En interne, les notions financières et RSE s’associent, en témoignent par exemple l’instauration d’un prix interne du carbone, mesure adoptée par un nombre croissant d’entreprises (Société Générale, Microsoft, SNCF, etc.). Des outils comme le « Compte de Résultat Environnemental » (EP&L), publié pour la 1ère fois par le groupe Kering en 2015, outil pionnier permettant de mesurer les impacts de son activité sur l’environnement et de les traduire en valeur monétaire, devraient se multiplier.

La transition environnementale aura évidemment un coût, mais bien anticipée, elle apporte également son lot d’opportunités et, nous en sommes convaincus, sera un facteur essentiel de pérennité des entreprises. Chez HAATCH, cela fait maintenant 15 ans que nous partageons cette conviction forte que, demain, les entreprises les plus performantes seront les plus engagées. Alors, pour que performance et engagement ne soient plus antinomiques, commençons par faire travailler département RSE et finance ensemble !

HAATCH vous accompagne !

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